Irruptionnante
être Arbre
Les six sculptures réalistes «Être Arbre » de Sébastien Combescot troublent subtilement la perception du flâneur du jardin Shakespeare à Boulogne. Quels éléments sont naturels ? Lesquels ne le sont pas ? Ici, les reproductions d’arbres, par le biais de la forme : carré, tourbillonnante, en nœud, s’intègrent au jardin tout en revivifiant nos liens sensibles avec ce qui nous entoure.
Tel un élément de décor de théâtre, la sculpture « Arbre carré », haute d’un mètre quatre-vingt, installée dans la partie du jardin Shakespeare consacrée à la tragédie de Macbeth, évoque, par sa forme, solennelle, verticale, la reine dévorée d’ambition, régicide et somnambule. Sébastien Combescot commente ce choix : « Dans une représentation théâtrale, acteurs et public font semblant de croire que ce qu’ils montrent, ce qu’ils voient est le réel. Le sculpteur fait semblant de montrer le réel aussi ». Correspondances et proximités entre des sculptures et des pièces de théâtre du répertoire shakespearien, donc, et le sculpteur multiplie les références.
Un tronc d’arbre transparent constellé de gourmands est placé dans la partie du jardin consacrée à Hamlet. Sa transparence, la réfraction de la lumière, des ombres font écho à l’apparition du spectre, d’un fantôme. Qu’est-ce qui est dû à l’intervention humaine dans un bois sculpté ou dans une autre matière en forme de bois ? Entre pouvoir et héritage, le pouvoir exorbitant que s’octroie l’espèce humaine sur l’environnement, l’héritage des générations futures, les fantômes hélés par le sculpteur racontent des histoires à chacun.
Ces sculptures confrontent notre rapport à notre milieu et à la matière. Si nos modes de vie sont urbains, nous demeurons liés à cette relation anthropique par des souvenirs ou des réminiscences. Le bois, l’écorce des sculptures conversent avec les sens et la sensibilité.
Avec «Être Arbre », les sculptures dialoguent avec la vue, le toucher. Et Sébastien Combescot de conclure : « J’aime travailler les formes, les volumes, l’équilibre, les surfaces. Impossible de faire contre la nature avec du bois, de l’écorce, la sculpture casse. Finalement, c’est peut-être ça reproduire le réel : proposer une entrée sensible qui s’adresse à tout le monde pour repenser les relations ».
Virginie Lagrange pour Sébastien Combescot.